La jeune fille et la mort : In memoriam

Si, comme on veut le lire en raccourci dans une sourate du Coran, tuer un homme c’est tuer l’humanité tout entière, alors, tuer un enfant, crime ultime, ne serait-ce pas, de surcroît, aller jusqu’à vouloir priver cette humanité de la possibilité même de sa renaissance ?

Nice - Promenade des Anglais (vers 1970)
Nice – Promenade des Anglais (vers 1965)

Puisse ce lied de Schubert, interprété dans l’intimité de leur salon, par deux des plus merveilleux artistes lyriques du XXème siècle, à l’automne de leurs vies, m’aider à exprimer toute ma compassion envers les habitants d’une ville, Nice, qui abrite à chaque coin de ses rues un de mes souvenirs d’enfance, d’adolescence, de jeunesse ou de maturité. Il n’est pas rare, encore aujourd’hui, à chacune de mes visites, que d’une fenêtre ou d’une autre un ami me salue…

Que ce chant sensible nous aide à ne pas attendre les dernières lucidités de la vieillesse pour nous apercevoir que le plus juste et le plus beau symbole de la vie c’est sans conteste l’enfance ! Quel trésor est-il plus digne de nos égards et de notre protection ?

La jeune fille

Va-t’en ! Ah ! va-t’en !
Disparais, odieux squelette !
Je suis encore jeune, va-t-en !
Ne me touche pas !

La Mort

Donne-moi la main, douce et belle créature !
Je suis ton amie, tu n’as rien à craindre.
Laisse-toi faire ! N’aie pas peur,
Viens doucement dormir dans mes bras !

Lied de Schubert : « Der Tod und das Mädchen » (La jeune fille et la Mort)

Júlia Várady & Dietrich Fischer-Dieskau

Das Mädchen

Vorüber! Ach, vorüber!
Geh, wilder Knochenmann!
Ich bin noch jung, geh Lieber!
Und rühre mich nicht an.

Der Tod

Gib deine Hand, du schön und zart Gebild !
Bin Freund, und komme nicht, zu strafen.
Sei gutes Muts! ich bin nicht wild,
Sollst sanft in meinen Armen schlafen !

Publié par

Lelius

La musique et la poésie : des voies vers les êtres... Un chemin vers soi !

11 réflexions au sujet de “La jeune fille et la mort : In memoriam”

  1. La voix de cette cantatrice est très émouvante. Je ne connaissais pas ce lied mais je connais par contre le quatuor « la jeune fille et la mort » d’un romantisme puissant et que je ne me suis jamais lassée d’écouter.

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    1. Quelle merveille ce quatuor ! Comment, en effet, pourrait-on se lasser de l’écouter ?
      Le lied, composé en 1817, sept années avant le quatuor, est certes moins connu (comme souvent les lieder, plus confidentiels).
      Les liens familiaux sont nombreux entre les deux œuvres, mais pour n’en relever qu’un seul, amusez-vous à faire une écoute comparée des premières mesures d’introduction du lied au piano, et des premières mesures du 2ème mouvement (Andante con moto) du quatuor : le thème commun utilisé par Schubert pour ces deux pièces vous sautera aux oreilles.
      Régalez-vous !

      Aimé par 1 personne

    1. Merci de votre aimable commentaire.
      Le temps passe mais nos goûts et notre sensibilité demeurent : en 2013 déjà, grâce à Chopin, nous échangions cette même sympathie pour la proximité de nos sensibilités respectives (mon blog actif de l’époque s’appelait « Perles d’Orphée »).
      « Aux yeux du souvenir, que le monde est petit ! »

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